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Les lunettes bleues
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Cette nouvelle policière a été écrite en 2021-2022, dans le cadre des activités d’un groupe d’écriture. Les titres de chapitre sont les propositions faites toutes les semaines par l'un des membres du groupe. 
 

L’action des Lunettes bleues, comme celle de L'avion jaune, se déroule en Islande, mais une douzaine d’années plus tôt. Inspirée par les univers des romanciers Arnaldur Indridason et de Ragnar Jonasson pour la littérature policière ou la série Trapped (Netflix), je me suis de nouveau immergée dans une Islande où, décidément, il se commet bien des crimes !

 

Cette fois, c’est Elinborg, 17 ans, la fille de l’inspecteur Önuldur, qui est au centre de l’histoire. Déstabilisée par la réception d’une lettre, elle apprend peu de temps après qu’on a trouvé le corps d’une fille qu’elle connaît, Hilma, dans une cabane isolée. Elinborg se pense responsable de son suicide qui s’avérera être un meurtre lorsqu’Önuldur découvrira de nouveaux indices sur les lieux du décès. Önuldur mène l’enquête avec Markùs, son assistant. Elinborg est, bien malgré elle, prise dans un tourbillon d’émotions et d’événements troublants.

Chapitre 1 - Les lunettes bleues

   Ses lunettes bleues. C’est la première chose qu’Elinborg Önuldursdottir remarqua ce matin-là, lorsqu’elle pénétra dans l’étroite entrée du commissariat de Siglufjördur. Des lunettes en métal d’un bleu métallisé chatoyant d’une chaude lumière tout en étant d’une sévérité sans équivoque. Visiblement, cet homme voulait à la fois séduire et mettre une distance entre lui et son interlocuteur. 

    Elinborg se racla la gorge et le jeune homme releva enfin les yeux des papiers qu’il était en train de compulser. Leurs regards se percutèrent en un silence éloquent, mais, très vite, le jeune homme se reprit et demanda d’une voix neutre :

— Que puis-je pour toi ?

— Je cherche mon père…

— Ton père a disparu ?

— Euh… Non, non…

— Alors, interrompit le jeune homme, que lui est-il arrivé ?

— Mais rien du tout ! s’impatienta Elinborg. Du moins, je l’espère ! C’est ton patron, l’inspecteur Önuldur !

— Oh ! Désolé… tu es sa fille ! Je… tu es bien jeune… Je croyais la fille d’Önuldur plus âgée, affirma-t-il, un peu condescendant.

— J’ai dix-sept ans, répondit-elle d’un ton glacial.

— Bon, bon… fit-il, en levant les mains en signe de conciliation.

— Mon père n’est pas là ?

— Non. Il est parti à Akureyri… Je m’appelle Markùs, ajouta-t-il sans transition. Je suis…

— Ne te fatigue pas, je sais. Le nouveau stagiaire. 

    Elle lui tourna le dos et sortit du commissariat d’un pas assuré.


Chapitre 2 - Une lettre dérangeante 

    Plus tard, Elinborg, affalée dans un fauteuil en rotin sur le balcon, le bras pendant le long de l’accoudoir, laissait errer son regard. Elle avait lâché la lettre, qui, tombée par terre, frémissait au rythme des sursauts de la faible brise estivale. Au loin, de l’autre côté du fjord, les sommets rocheux étincelaient sous le soleil de cette belle fin d’après-midi, et l’air doux invitait à une agréable indolence. 

    Elinborg sentit soudain des larmes lui piquer les yeux, malgré sa volonté de ne pas se laisser envahir par un chagrin qu’elle ne voulait pas éprouver. Elle se força à détourner son attention de la lettre et repensa au jeune policier stagiaire. Indéniablement, il ne lui avait pas été indifférent, nonobstant son comportement cavalier. Ou peut-être ce comportement l’avait-il agacée, car elle était sous le coup du contenu de la lettre ? 

    Ce policier était arrivé de Reykjavik trois semaines auparavant. Le poste de police ne comptait que deux inspecteurs, mais accueillait cependant régulièrement des policiers stagiaires. Elinborg en avait vu passer un certain nombre plus ou moins empotés, plus ou moins boutonneux, plus ou moins maladroits ou sûrs d’eux, mais jamais un avec des lunettes bleues assorties à ses yeux et à son caractère. C’est, en effet, ce qu’Elinborg s’était mis dans la tête : les lunettes du policier reflétaient son caractère et c’était tout un caractère. 

    La situation était un peu particulière puisque le deuxième inspecteur, Pétur, venait de prendre sa retraite et, de fait, Markùs le remplaçait officieusement jusqu’à la nomination de son successeur. Le jeune homme devait manifestement avoir quelque chose de différent, son père n’ayant plus que son nom à la bouche depuis qu’il était là. Elinborg en avait été exaspérée, car elle se foutait pas mal de ce qui se passait au poste de police. Quoiqu’à bien y penser, à partir de maintenant, ce ne serait plus tout à fait pareil… Le sourire qu’elle commençait à ébaucher à cette idée s’effaça aussi vite qu’il était apparu… La lettre…

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