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Tombes et caveaux (suite)

Tombes et caveaux

Tombes et caveaux  : des personnalités de tout horizon

- Quelques personnalités parmi tant d'autres

- Des destins hors du commun

Ancre 1

Quelques personnalités parmi tant d'autres...

 

Parmi les très nombreuses personnalités reposant dans les deux cimetières figurent plusieurs premiers ministres, plus d’une vingtaine de maires de Montréal, des personnalités du monde des affaires, des arts et de la culture ou du sport. Je n'en donne ici que quelques exemples, mais si on désire en savoir plus, on peut regarder ce court et intéressant vidéo qui nous invite à découvrir plusieurs tombes de célébrités : Les célébrités du cimetière Notre-Dame-des-Neiges.

Camillien Houde (1889-1958)


Agent d'assurance
, directeur banquier, député à l'Assemblée législative du Québec, maire de Montréal, chef du Parti conservateur du Québec et député à la Chambre des communes du Canada.

De 1923 à 1947, il fut l'un des principaux adversaires des gouvernements de Taschereau et de Duplessis. Son opposition à la politique d'enregistrement pour service militaire décrétée par le gouvernement fédéral canadien de King en 1940 lui valut son internement sans procès dans des camps de concentration pendant quatre ans. La répression dont il fut l'objet lui acquit l'estime populaire et en fit une légende vivante.

Tiré de Wikipedia

Ancre 2

Des destins hors du commun*

Les découvertes qui m'ont cependant le plus intéressée, voire fascinée, sont celles de personnes dont je n'aurais jamais imaginé trouver la tombe dans ces cimetières. Soit parce que, bien qu'elles soient connues, je ne savais pas qu'elles pouvaient avoir fini leur vie à Montréal et y être enterrées : par exemple la belle-mère de Jefferson Davis, président confédéré pendant la guerre de Sécession, Margaret Kempe Howell ou l’inventeur du rasoir électrique, Jacob Schick. Soit parce que j'ignorais leur existence et leur destin parfois hors du commun : par exemple, Shadrach Minkins, un esclave qui a fui sa Virginie natale pour se réfugier à Montréal, Joseph Onasakenrat, un des très rares autochtones enterrés dans les cimetières, Anna Leonowens, la gouvernante des enfants du roi du Siam vers 1860, David Thomson, un cartographe remarquable, Edith Maud Eaton, une journaliste ayant combattu le racisme et le sexisme, Alexander English, le dernier bourreau du Canada, Richard Blass, un criminel très dangereux, et bien d'autres encore.

 

Je m'attarderai un peu plus sur trois personnes tant leur histoire m'a captivée. (À venir une quatrième personne : Joseph Guibord)

* Voir notamment : Pierre-Richard Bisson, Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, Contrecoeur, Beaux Livres Henri Rivard, 2004, 192 p. ill. et Le Cimetière Mont-Royal. Une découverte de nature historique, dépliant.

Shadrach Minkins (1814-1875)  ou « la quête de la liberté n'a pas de prix.»*

Tombe de Shadrach Minkins, cimetière Mont-Royal

La première histoire que j'ai retenue est celle de Shadrach Minkins. Quand j'ai lu ce qu'on écrivait sur lui dans le dépliant du cimetière Mont-Royal, j'ai tout de suite voulu voir sa tombe. La localiser a été tout un défi. Après quelques tentatives, j'ai fini par la trouver, mais ai compris pourquoi la recherche avait été si ardue : si la pierre tombale se dresse encore bien droite, les inscriptions l'identifiant ont, elles, disparu. N'est-ce pas là un témoignage du passage de cet homme sur terre en même temps que l'oubli dans lequel il est retombé malgré son histoire exceptionnelle ?

Shadrach Minkins est né esclave à Norfolk en Virginie vers 1814. En 1850, il travaille dans un restaurant de cette ville depuis plusieurs années quand il décide de s'enfuir. Son propriétaire ayant manifesté son intention de le vendre, il craint d'être envoyé dans une plantation du Sud. Son périple le mène jusqu'à Boston, principal refuge des esclaves en fuite à cette époque. Malheureusement pour lui, le 18 septembre 1850, le Congrès des États-Unis adopte la loi des esclaves fugitifs de 1850 (Fugitive Slave Act of 1850). Elle stipulait qu'on pouvait retourner vers le Sud les réfugiés de l'esclavage vivant dans les états du Nord s'ils y étaient capturés.

Elle stipulait qu'on pouvait retourner vers le Sud les réfugiés de l'esclavage vivant dans les états du Nord s'ils étaient capturés. Le 15 février 1851, Shadrach est le premier fugitif arrêté en vertu de cette loi. Il est libéré en plein procès par des membres du Boston Vigilance Committee arrivés en masse et entrés de force au palais de justice. Grâce au chemin de fer clandestin, il réussit ensuite à gagner Montréal en quatre jours. À Montréal, il exercera plusieurs métiers, dont celui de restaurateur. L'un de ses restaurants s'appellera La case de l'oncle Tom. Il fut également barbier. En 1853, il épouse une Irlandaise du prénom de Mary avec laquelle il eut quatre enfants dont deux sont enterrés avec lui au cimetière Mont-Royal.

 

L'histoire mouvementée de cet homme courageux et déterminé est « un symbole de résistance des personnes asservies qui ont décidé de récupérer l'humanité qu'on leur avait volée. »* Pour mieux la comprendre, on peut écouter le passionnant balado Résistance diffusé par Radio-Canada. Le rappeur Webster et son père, Cheikh Ndiaye, professeur de sciences politiques, partent sur les traces de Shadrach Minkins en Virginie et suivent son parcours jusqu'à Montréal. Au cours des dix épisodes, on découvre non seulement la vie de résistance du fugitif, mais aussi l'histoire tumultueuse de l'esclavage aux États-Unis.

* Cheikh Ndiaye, Résistance, épisode 10, 2022.

Fuir après la défaite de la Confédération : Margaret Louisa Kempe Howell (1806-1867)

L'imprévisibilité de l'histoire n'est-elle pas déroutante ? Alors que des milliers de fugitifs fuyaient l'esclavage en venant au Canada, il y eut des esclavagistes qui fuirent le Sud des États-Unis après la guerre de Sécession.

Ainsi, à quelques dizaines de mètres de la tombe de Shadrach Minkins, trouve-t-on celle de Margaret Kempe Howell, belle-mère de Jefferson Davis, président confédéré pendant la guerre de Sécession (1861-1865).

Tombe de Margaret Kempe Howell, cimetière Mont-Royal

Issue d'une riche famille de planteurs sudistes, elle eut onze enfants, dont Varina qui épousa à dix-sept ans Jefferson Davis, trente-cinq ans, futur Président de la Confédération. Varina dont une partie de la famille était issue du Nord et l'autre du Sud a été éduqué à Philadelphie et a vécu à Washington jusqu'à la guerre de Sécession. Elle est connue pour avoir toujours eu une attitude mitigée sur l'esclavage et la guerre. Elle aurait par exemple affirmé que les esclaves étaient des « human beings with their frailties » alors que Jefferson Davis les comparait publiquement à des animaux.*

 

Après la guerre, sa mère Margaret Kempe Howell se réfugia à Montréal avec ses petits-enfants alors que Jefferson Davis était emprisonné en Virginie et Varina restée près de la prison où il était incarcéré.

 

Margaret Kempe Howell mourut à Montréal en 1867 et fut enterrée au cimetière Mont-Royal.

Un rare exemple autochtone : Joseph Onasakenrat (1845-1881)

Un autre destin m'a également interpellée : celui de Joseph Onasakenrat, un Mowak éduqué dans la religion catholique, devenu chef de sa tribu et pasteur méthodiste. Il est frappant de constater qu'il y a très peu de tombes d'autochtones dans les cimetières.

La seule référence que j'ai trouvée jusqu'ici provient du livre de Brian Young, Une mort très digne : « À l'exception de Joseph Onasakenrat, les registres officiels du cimetière et les principaux sites de sépulture (Mont-Royal) ne contiennent pratiquement aucun nom autochtone. »*

Tombe de Joseph Onasakenrat, cimetière Mont-Royal

Né en 1845 à la mission des Sulpiciens à Oka, Joseph Onasakenrat a été élevé dans la religion catholique. Il passe quatre ans au Petit Séminaire de Montréal pour devenir prêtre et retourne ensuite à Oka pour intégrer le séminaire de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice comme secrétaire. Il est élu chef de la communauté Mowak en 1868. Peu après, il se rend à Ottawa pour exiger du gouvernement la restitution de leurs terres aux Mowak (elles étaient détenues par les Sulpiciens). Il accuse les Sulpiciens d'exploiter les autochtones et de les maintenir intentionnellement dans la misère. En conséquence, le séminaire le menace d'excommunication ainsi que plusieurs membres de la communauté Mowak. Il décide alors de quitter l'Église catholique avec la majeure partie de la communauté Mowak pour se convertir au méthodisme dont une congrégation vient d'installer une mission à Oka. S'en suit une longue lutte avec les Sulpiciens.

En 1880, il est ordonné ministre du culte méthodiste. Il oeuvre ensuite comme missionnaire et traduit la Bible en langue Mowak jusqu'à sa mort en 1881.

* Brian Young, Une mort très digne, Montréal, McGill-Queen's University, 2003, p. 46.  Voir aussi : Joseph Onasakenrat, Wikipédia

Autres vies hors du commun

Tombe de Jacob Schick, cimetière Mont-Royal

Jacob Schick (1877-1937)

 

Le colonel Jacob Schick, né dans l'Iowa, inventa le rasoir électrique dont il déposa le premier brevet en 1923. Commercialisé en 1929, il se vendit 3 000 rasoirs cette année-là. En 1937, il s’en était vendu plus de 1,5 million au total.  En 1935, le colonel Schick devint citoyen canadien pour échapper à une enquête fiscale.

Mont-Royal

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