Au fil du jour, au fil du temps...
- Au fil du jour et par tous les temps
- La nuit au cimetière
Au fil du jour et par tous les temps...
La plupart des sépultures se côtoient de très près et, dans un tel contexte, on aurait pu imaginer que, à la longue, querelles de voisinage ou du moins quelques récriminations puissent advenir. L’éternité pourrait y être propice.
Il faut cependant admettre que l’endroit vaste et verdoyant où elles sont rassemblées n'aurait pu être mieux choisi. Toutes sont agrémentées d’un petit bout de jardin, parfois fleuri, parfois négligé au point d’y trouver encore les feuilles de l’automne précédent. Certaines ont la chance d’être à l’abri sous les longues branches d’arbres majestueux, d’autres doivent affronter de plein fouet les intempéries, nul obstacle ne venant les protéger des éléments. En réaction, elles se font soit petites et discrètes soit, au contraire, se dressent bien droit pour montrer leur puissance. D’autres encore, pour des raisons inconnues, tentent de se faire oublier en disparaissant derrière de plus grandes et fortes qu’elles. Enfin, plusieurs misanthropes isolés au milieu de nulle part laissent passer le temps sans se faire remarquer.
Au fond, c’est comme dans la vie, me suis-je dit.
Spectres et vols de cadavres
Spectres
La légende dit que des spectres sont présents après le crépuscule dans les deux cimetières. On dit également que d'étranges entités mortes-vivantes et des ombres paranormales clignotantes errent au milieu des tombes. Des fées ont également été vues et des voix désincarnées, des craquements et une fillette en tain de rire, entendus. Un médium compara ce rire au son d’un cercueil s'ouvrant. Le plus célèbre fantôme des cimetières reste cependant celui d'un guerrier algonquin rodant près des falaises surplombant le belvédère Camillien-Houde et effrayant les touristes situés plus bas. Sa présence serait peut-être reliée à des sépultures autochtones trouvées sur le mont Royal. (Tiré et adapté de : Blogue de Montréal hanté, no 20 - Fantômes du Cimetière Mont-Royal)
Vol de cadavres
Au XIXe siècle, les vols de cadavres pour les facultés de médecine étaient fréquents. L'essai, McGill Medicine : The first Half Century, 1829-1885 (1996), relate qu'un garde du cimetière Notre-Dame-des-Neiges avisait les voleurs des nouvelles arrivées et, moyennant rétribution, les laissait les emporter. On raconte que les voleurs utilisaient des toboggans pour faire descendre les corps en bas du mont Royal. Tout cela de nuit, bien sûr.
Clignotements et ombres paranormales à la nuit tombée...
Quand arrive le crépuscule, le cimetière semble s'animer. On aperçoit des dizaines de clignotements scintillant dans l'obscurité, créant une atmosphère bien particulière. Les ombres s'allongent sur le sol et se meuvent au gré de ces clignotements provenant des lanternes disposés devant les tombes. Surtout en automne, quand les arbres sont dénudés et que les feuilles jonchent le sol de leur tapis roux.
J'aime me promener dans cet univers paisible et jusqu'à récemment n'y avais jamais rencontré de spectres ou de fantômes, même pas celui du fameux guerrier algonquin ! Probablement n'avais-je pas encore été suffisamment patiente ! Ou je n'y croyais pas assez pour que le phénomène se produise. Qui sait ! Mais voilà qu'il y a quelques jours, à la brunante, j'ai enfin aperçu un spectre : celui d'une dame blanche alanguie et lovée dans une anfractuosité.
