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Introduction
Les  cimetières du mont Royal, un havre de paix aux multiples richesses

Depuis 2020, j'ai pris l'habitude de me promener dans les deux immenses cimetières (Notre-Dame-des-Neiges et Mont-Royal) nichés sur une bonne moitié du mont Royal, soit plus de 200 hectares. Dès que l'on franchit le portail de l’un des cimetières, on est immédiatement saisi par l’irrésistible tranquillité des lieux. On inhale une grande goulée d’air pur, on ferme les yeux et on oublie aussitôt que l’on est au cœur de la deuxième plus grande ville du Canada. Certes, les occupants des lieux, ils sont un million et demi reposant six pieds sous terre, y contribuent à leur manière. Mais il y a plus. La végétation foisonnante, les grandes prairies ensoleillées encore vierges, les vallons ombrageux et une faune comptant des centaines d’oiseaux et de petits mammifères favorisent un calme et une vie reliant le monde des morts à celui des vivants.

 

Ces cimetières sont tout sauf tristes. Leurs attraits, parfois évidents, parfois cachés, se révèlent progressivement à qui sait prendre son temps. Il n’est pas une fois où l’on ne découvre soit un nouveau coin, soit un souvenir attendrissant, soit tout simplement un endroit où la randonnée contemplative trouve un cadre de choix. D’ailleurs, n’était-ce pas dès leur origine l’un des objectifs : créer à la fois un lieu de commémoration et un immense jardin bucolique traversé d’allées sinueuses ? 

Inspirés par leurs illustres prédécesseurs, le cimetière du Père-Lachaise à Paris, premier cimetière (1804) aménagé hors les murs et le cimetière Mount Auburn (1831) à Cambridge (Massachusetts), les cimetières du mont Royal ont également été influencés par la mode des jardins anglais. Ce sont des cimetières « ruraux » ou cimetières-jardins qui s’inscrivent parfaitement dans la mouvance de leur époque. Une nouvelle attitude envers les défunts est en effet apparue au début du 19e siècle poussant à reconsidérer les pratiques funéraires et repenser l'aménagement des cimetières. Jusque là, du 16e au 18e siècle, on avait manifesté une profonde indifférence envers les lieux de sépulture, les cimetières se résumant la plupart du temps à des fosses communes insalubres et surpeuplées en milieu urbain. « En sortant les cimetières des villes, on entend donc régler les problèmes inhérents à l'inhumation en milieu urbain, mais aussi fournir un cadre naturel qui se prête bien à la sépulture à caractère individuel et familial, ainsi qu'à la commémoration patriotique des grands personnages. »*

À Montréal, c'est en 1853, à la suite d’un règlement interdisant les inhumations à l’intérieur de la ville que les cimetières ont dû déménager. Le mont Royal, tout proche, leur offrait un endroit idéal. Du haut de ses sommets, les nouvelles nécropoles allaient pouvoir s’étendre et surplomber la cité des vivants en veillant sur eux. Ainsi sont nés, entre 1852 et 1854, trois cimetières mitoyens : le cimetière protestant Mont-Royal, 67 hectares, le cimetière catholique Notre-Dame-des-Neiges, 139 hectares soit le plus grand du Canada, et le double cimetière juif, Shaerith Israelet (ou cimetière des Espagnols et des Portugais) et Shaar Hashomayim, un hectare.

En réponse aux vagues d’immigration, ces cimetières se sont adaptés et ouverts aux différentes communautés chrétiennes ou autres (cimetière Mont-Royal). Ainsi se sont constituées des sections regroupant les membres d’une même communauté. En parcourant les allées, on peut découvrir des îlots italiens, portugais, hongrois, polonais, serbes, japonais, chinois, vietnamiens, etc. Sans compter les croix alignées des vétérans de guerre ou de regroupements associatifs.

Cimetière Mont-Royal, Montréal

La muse endormie (2018) de Valérie Pascale Lauzon

Si les deux grands cimetières ont beaucoup en commun, ils proposent cependant des visions différentes de la mort. Le cimetière Mont-Royal est avant tout un cimetière-jardin où la nature se veut une allégorie du paradis terrestre et offre une vision romantique de la mort. Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, par contre, s’est voulu dès le départ un lieu urbain naturalisé où les monuments occupaient une place centrale, en accord avec une conception de la mort associée au jugement dernier et à la rédemption. Il se distingue aussi par sa volonté d’incarner le nationalisme canadien-français.

Les pages de ce site sont le reflet de mes pérégrinations erratiques des dernières années. J’ai eu envie de partager mes découvertes, celles qui m’ont touchée, émue, intriguée ou émerveillée : une œuvre d’art, un objet déposé devant une tombe, un destin sortant de l'ordinaire, un bouquet de fleurs flétries abandonné au vent, un bébé marmotte lors de sa première sortie, un coucher de soleil éblouissant ou la photo émouvante d’un défunt, qui au-delà de la mort, offre un éternel et lumineux sourire.

Alors, accompagnez-moi. Bonne balade !

Catherine Passerieux

* Nathalie Clerk, « Les cimetières Mont-Royal et Notre-Dame-des-Neiges », The Journal of the Society for the Study of Architecture in Canada, vol. 26, no 1-2, 2001, p. 52.

Plan des cimetières

Plan des cimetières Mont-Royal et Notre-Dame-des-Neiges, Montréal
Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, Montréal
Cimetière Mont-Royal, Montréal

Portail d'entrée du cimetière du Mont-Royal (1862)

Portail d'entrée du cimetière du Notre-Dame-des-Neiges (2005)

« La clôture catholique »
Une longue clôture ainsi surnommée sépare les deux cimetières. D'un coté les protestants et de l'autre les catholiques.

Cimetières Notre-Dame-des-Neiges et Mont-Royal, Montréal

Pour en savoir plus

https://www.cimetierenotredamedesneiges.ca/fr

https://www.mt-royal.ca/fr

https://ville.montreal.qc.ca/siteofficieldumontroyal/paysage-cimetiere-mont-royal

Bisson, Pierre-Richard, Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, Contrecoeur, Beaux Livres Henri Rivard, 2004, 192 p. ill.

Clerk, Nathalie, « Les cimetières Mont-Royal et Notre-Dame-des-Neiges », The Journal of the Society for the Study of Architecture in Canada, vol. 26, no 1-2, 2001.

Le Cimetière Mont-Royal et Monuments remarquables au Cimetière Mont-Royal, dépliants.

Coulombe, Serge,  Émile Brunet, un bâtisseur du patrimoine, Montréal, Écomusée de l'au-delà, 2006, 143 p.

Young, Brian, Une mort très digne, Montréal, McGill-Queen's University, 2003, 230 p, ill.

Album sur papier - 2022

J'ai commencé la diffusion de mes photos par un album de 70 pages. 250 photos accompagnées de textes y sont rassemblées.

Étant donné que je n'ai fait imprimer que trois exemplaires de cet album, que je continue à prendre des photos (plus de 1500 photos à ce jour) et à enrichir les textes (les découvertes sont infinies !), il m'est apparu intéressant de créer ce site web.

Consulter l'album

Balades contemplatives : cimetières du mont Royal
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